(pour la version italienne, voir plus bas / versione italiana tutto in basso)
Rencontre en temps de confinement
Francesco Biglia est le gérant de la boutique ludique Il Folletto à Biella, entre Turin et Milan. Passionné de jeux, il fréquente régulièrement le FIJ de Cannes à la recherche de titres qu'il pourrait proposer, en plus du catalogue de ses fournisseurs habituels. C'est ainsi qu'il est devenu l'un des rares clients italiens d'Atalia. Nous l’avons interviewé.
Bonjour, Francesco, peux-tu te présenter s’il te plaît ?
Bonjour, je m’appelle Francesco et, depuis 18 ans, je gère une boutique de jeux en Italie, pour être plus précis à Biella, une petite ville du Piémont, non loin des Alpes. La boutique s’appelle « Il Folletto » (Le Farfadet) et tout le monde me connaît sous ce nom désormais. Peut-être parce que je suis toujours de bonne humeur et plein de surprises !
Beaucoup se demandent ce qui m’a amené à ouvrir une boutique de jeux : une boîte rouge avec un gros dragon, reçue pour Noël alors que j’avais seulement 13 ans. Si je n’avais pas reçu la première édition de Dungeon & Dragons mais un ballon ou une voiture radiocommandée, je ne répondrais probablement pas à ces questions maintenant. En plus de ma passion pour le jeu, j’adore voyager à travers le monde, et c’est ainsi que j’ai rencontré Cesare, au festival du jeu de Cannes il y a quelques années, il y avait remporté le prix du meilleur jeu pour enfants (Nom d'un Renard, ndlr).
Comment se fait-il qu’une boutique italienne travaille avec un distributeur français ? Nous sommes clairement heureux de travailler avec toi, mais peux-tu expliquer pourquoi à nos lecteurs ?
Je pense qu’un bon commerçant doit essayer de surprendre ses clients avec des jeux à la fois beaux et intéressants, et que cette recherche peut l’emmener au-delà de son territoire. Après avoir vendu des dizaines d’exemplaires de Punchline (désormais indisponible, ndlr), je suis tombé amoureux de Flying Kiwis, Team 3 et Gravity Superstar, pour n’en citer que quelques-uns. Mes clients les adorent, et je suis heureux d’avoir trouvé un fournisseur qui peut m’aider à surprendre mes clients avec de nouveaux jeux !
On te croise toujours à Cannes, quelles différences vois-tu entre le monde du jeu en Italie et en France ?
Le monde du jeu est comme un dé, ses faces sont similaires, mais chacune a quelque chose d’unique. En France, plusieurs éditeurs et studios ont changé la face du monde du jeu ces dernières années. Pensons simplement à Dixit et Dobble et à la façon dont ils ont aidé à étendre ce qui était autrefois un passe-temps pour un marché de niche à un public toujours plus large. Le simple fait que l’As d’Or soit attribué dans le même palais que celui qui accueille les plus grandes stars de cinéma peut nous aider à comprendre à quel point ce monde a profondément changé. En Italie, la situation est plus fragmentée, la plupart des éditeurs sont également des distributeurs et, dans certains cas, ils s’occupent également de la vente directe au public, tandis que peu d’éditeurs s’occupent de la création de nouveaux jeux au profit de la seule localisation.
J’imagine qu'en Italie aussi les magasins sont fermés. Es-tu confiné ? Comment vis-tu cette situation ?
En Italie, les magasins qui n’offrent pas de service essentiel à la personne sont fermés, et ce depuis 5 semaines maintenant. J’ai passé un mois depuis le début de la quarantaine à la maison, sans jamais sortir, heureux d’avoir un grand jardin dans lequel me promener et penser à l’avenir. J’ai passé beaucoup de mes soirées à jouer à des jeux de rôle en ligne, à cuisiner pour me tenir occupé et à rester en contact avec mes clients grâce aux réseaux sociaux et Whatsapp.
Puis, après le premier mois et Pâques, j’ai décidé de repasser à l’action avec des livraisons à domicile et une autre initiative dont je vous parlerai plus bas.
Est-ce que tu arrives à faire un peu de chiffre d’affaires ou bien te limites-tu à rester à flot avec les aides de l’État ?
Je ne tiens pas compte des aides de l’État. À leur arrivée, je déboucherai une bouteille de champagne ! Heureusement, je suis propriétaire des murs de la boutique et donc je n’ai pas de loyer à payer, j’ai mis mon vaillant assistant en vacances et j’ai essayé de penser plus à l’avenir qu’à l’immédiat. Au cours de ces journées de livraison, mes clients m’ont montré leur affection et m’ont passé plus de commandes que celles que j’ai réussi à traiter jusqu’à présent. Évidemment, ce n’est pas aussi facile que d’ouvrir les portes du magasin et de conseiller et servir ceux qui viennent me rendre visite, et cela demande beaucoup plus de temps et d’efforts. Biellese est une zone escarpée près des montagnes et pour atteindre certaines municipalités, il faut emprunter différents chemins donc cela prend beaucoup de temps. Mais je ne me plains pas ; pour l’instant, ça m’occupe.
Que font les collègues des autres magasins avec lesquels tu es en contact ? Comment vont-ils ?
La situation n’est facile pour personne, mais la réaction de certains de mes collègues m’a servi de moteur en ces jours difficiles. Simone de « Orso Ludo » (Parme) ne s’est jamais arrêté, il continue de servir ses clients comme une pile électrique, toujours avec le sourire et une bonne parole. Antonino d’« Urban Legend » (toujours à Parme) est infatigable, entre expéditions et livraisons, il est toujours en mouvement. Mathieu de « Gamic » (Massa) travaille dur pour mettre sa boutique en ligne sur une nouvelle plateforme et il m’aide aussi à faire la même chose. Andrea de « Quinta Dimensione » (Legnano), au lieu de rester à la maison pour créer de nouveaux jeux (il est l’auteur de « Potion Explosion » et « Alone » pour n’en citer que deux), parcourt des kilomètres pour regagner le cœur de clients devenus trop habitués à Amazon, mais qui préfèrent maintenant recevoir un sourire avec leur jeu préféré. Federico du « Jolly Joker » m’a aidé en envoyant des colis à mes clients, quand je ne pouvais pas encore bouger. Marco du « Jolly Troll » (Lucques) et Davide de « Robe da Elfi » (Pinerolo) maintiennent leur communauté active grâce à leurs chaînes de streaming.
Il s’agit de certains des magasins qui ont réussi à rester actifs et positifs dans une période difficile comme celle-ci.
Malheureusement, il y a aussi beaucoup plus de commerçants fatalistes qui se sentent incapables de travailler et se font du mauvais sang en lançant des polémiques. OK, je comprends leurs difficultés et la situation désespérée, mais en tant que bon farfadet, je ne veux pas me laisser entraîner dans le pessimisme.
J’ai vu que tu prêtes des jeux gratuitement en ce moment. Comment ça marche ? Comment as-tu eu cette idée ?
En pensant à tous les jeux de démonstration que j’avais à disposition dans le magasin et au fait que personne ne pouvait les utiliser, je me suis d’abord senti un peu triste, puis j’y ai réfléchi et me suis dit que si les clients ne peuvent pas venir au magasin pour jouer, ce serait la boutique qui irait chez eux. J’ai donc entrepris de faire la liste des quatre cents boîtes de démonstration et plus que j’avais dans la boutique et j’ai envoyé la liste à mes clients les plus fidèles, afin qu’ils puissent choisir un jeu à essayer. J’ai déjà livré une quarantaine de jeux à autant de familles qui m’ont remercié avec le sourire et un câlin virtuel (à la bonne distance de deux mètres), mais j’ai encore beaucoup de jeux à proposer. Pour l’instant, mes clients pourront jouer à la maison comme s’ils étaient dans le magasin, et quand tout sera fini, ils pourront rapporter les boîtes et me remercier en personne.
Quelles autres initiatives envisages-tu de prendre dans les jours à venir pour aider votre entreprise ?
Comme mentionné plus haut, je travaille à la mise en ligne de mon catalogue : sur un site internet, sur Amazon, Ebay, Facebook et Instagram. Le tout intégré grâce à la plateforme que me développe Mathieu. J’organise au mieux les livraisons à domicile et j’essaie de comprendre comment évoluer dans cette nouvelle situation qui va encore durer longtemps. Même lorsque nous pourrons rouvrir la boutique, il ne sera pas possible de jouer à l’intérieur, donc le farfadet que je suis continuera à amener les jeux dans les habitations.
La situation dans laquelle nous vivons est compliquée pour tout le monde. Que peux-tu ajouter pour terminer l’entretien sur une note positive ? Ne dit-on pas qu’à toute chose, malheur est bon ?
J’étais sur le point d’investir une grosse somme pour ajouter un espace café dans ma boutique. Heureusement, j’ai réussi à interrompre le projet avant le début de l’épidémie, du coup, j’ai mis de côté un petit pécule. Mais dès qu’il sera possible de repartir, je foncerai à nouveau tête baissée. J’ai hâte de repartir en voyage, mais je sais que d’ici fin 2020 je ne quitterai pas l’Italie et au mieux, quand les choses redeviendront plus sûres, je me consacrerai à ma plus grande passion avec le jeu : la montagne. J’ai hâte d’y retourner pour une promenade dans les Alpes plutôt que dans le jardin. Heureusement, le confinement n’a pas mis fin à mes deux autres passions : la musique et la cuisine. C’est sûr, quand tout cela finira, je serai plus sage et plus gros.
Merci Francesco pour le temps que tu nous as consacré. Bonne chance pour tout.
À toi aussi ! J’ai hâte de te revoir !
Et voilà pour nos amis « italiens » l’interview en langue originale !
Francesco Biglia è il gestore del negozio di giochi Il Folletto à Biella.
Appassionato di giochi, frequenta regolarmente il Festival International du Jeu di Cannes alla ricerca di titoli da proporre, in più di quelli già distribuiti dai suoi fornitori italiani. E’ così che é diventato uno dei rari clienti italiani di Atalia. Lo abbiamo intervistato.
Ciao Francesco, ti puoi présentare per favore?
Ciao Cesare!
Mi chiamo Francesco e da 18 anni gestisco un negozio di giochi in Italia, per la precisione a Biella, piccola cittadina del Piemonte ad un passo dalle Alpi. Il negozio si chiama "Il Folletto" (Farfadet ?), e tutti mi conoscono con quel nome ormai. Forse perchè sono sempre allegro e pieno di sorprese!
Molti si chiedono cosa mi abbia portato ad aprire un negozio di giochi: una Scatola Rossa con sopra un grosso drago, ricevuta per Natale quando avevo solo 13 anni. Se non avessi ricevuto la prima edizione di Dungeon & Dragons ma un pallone o una macchinina radiocomandata, probabilmente ora non starei rispondendo a queste domande. Oltre alla passione per il gioco, amo viaggiare per il mondo, ed è così che ho incontrato appunto Cesare: al festival del gioco di Cannes di qualche anno fa, la sera in cui aveva vinto il premio per miglior gioco per bambini (Nom d’un renard, ndr).
Come mai un negozio Italiano lavora con un distributore francese? Siamo chiaramente contenti di lavorare con te, ma puoi spiegare il perché ai nostri lettori?
Penso che un buon negoziante debba cercare di sorprendere i suoi clienti con giochi belli ed interessanti, e che questa ricerca possa portarlo oltre al proprio giardino. Dopo aver venduto decine di copie di Punchline (ormai indisponibile, ndr), mi sono innamorato di Flying Kiwis, di Team 3 e di Gravity Superstar, per fare alcuni titoli. I miei clienti li adorano e sono felice di aver trovato un fornitore che possa aiutarmi a colpire i miei ragazzi con giochi sempre nuovi!
Ti si vede sempre a Cannes, che idea ti sei fatto sulle differenze fra il mondo dei giochi in Italia e in Francia?
Il mondo del gioco è come un dado, le facce sono simili tra loro ma ognuna contiene qualcosa di unico. In Francia ci sono diversi editori e studios che negli ultimi anni hanno cambiato il volto del mondo del gioco. Pensiamo semplicemente a Dixit e a Dobble e di come abbiano aiutato a diffondere quello che un tempo era un hobby di nicchia ad un pubblico sempre più vasto. Il solo fatto che l'As d'Or venga attribuito nello stesso teatro che accoglie le più grandi star del cinema può aiutarci a capire quanto questo mondo sia cambiato profondamente. In Italia la situazione è più frammentata, buona parte degli editori sono anche distributori ed in alcuni casi si occupano di vendere anche al pubblico, mentre sono pochi gli editori che si occupano di creazione di nuovi giochi rispetto alla sola localizzazione.
Immagino che anche in Italia i negozi siano chiusi. Sei confinato? Come vivi questa situazione?
In Italia i negozi che non offrono un servizio essenziale per la popolazione sono chiusi, questo ormai da 5 settimane. Io ho passato un mese dall'inizio della quarantena in casa, senza mai uscire, felice di avere un ampio giardino in cui camminare e pensare al futuro. Ho passato molte delle mie serate giocando di ruolo online e cucinando per tenermi occupato, tenendomi in contatto con i miei ragazzi grazie ai social e Whataspp.
Poi passato il primo mese e la Pasqua ho deciso di rimettermi in moto con le consegne a domicilio e a qualche altra iniziativa di cui ti dirò fra poco.
Riesci a fare un po' di giro d'affari (se si come ?) o ti limiti à stare à galla con gli aiuti dello stato?
Non tengo conto degli aiuti statali, quando arriveranno stapperò una bottiglia di gazzosa! Per fortuna ho comprato i muri del negozio e quindi non ho affitto da pagare, ho messo in ferie il mio prode aiutante e ho cercato di pensare più al futuro che all'immediato. In questi giorni di consegne i miei clienti hanno dimostrato il loro affetto e mi hanno fatto più ordini di quelli che per ora sia riuscito a smaltire. Ovviamente non è facile come aprire la porta del negozio e consigliare e servire chi mi viene a trovare, ma richiede molto più tempo ed impegno. Il Biellese è una zona frastagliata a ridosso delle montagne e per raggiungere alcuni comuni bisogna fare diversa strada, per cui la cosa porta via parecchio tempo. Ma non mi lamento, per ora mi tiene indaffarato.
Che fanno i colleghi di altri negozi con cui sei in contatto? Come se la cavano?
La situazione non è facile per nessuno, ma la reazione di alcuni miei colleghi mi è servita da traino in questi giorni difficili. Simone di Orso Ludo (Parma) non si è mai fermato, continua a servire i suoi clienti come una molla, sempre con un sorriso ed una buona parola. Antonino di Urban Legend (sempre Parma) è instancabile, fra spedizioni e consegne è sempre in movimento. Mathieu di Gamic (Massa) sta lavorando sodo per portare online il suo negozio su una nuova piattaforma, e sta aiutando anche me a fare la stessa cosa. Andrea di Quinta Dimensione (Legnano), al posto che restare a casa a creare nuovi giochi (è l'autore di Pozioni Esplosive ed Alone per citarne due), macina chilometri per riconquistare il cuore dei clienti che si erano abituati troppo bene con Amazon, ma che ora preferiscono ricevere un sorriso insieme al loro gioco preferito. Federico del Jolly Joker mi ha aiutato spedendo alcuni pacchi ai miei clienti, quando io ancora non potevo muovermi. Marco del Jolly Troll (Lucca) e Davide di Robe da Elfi (Pinerolo) stanno tenendo in piedi la loro community grazie ai loro canali di Streaming.
Questo per citare alcuni dei negozi che sono riusciti a restare attivi e positivi in un momento duro come questo.
Purtroppo ci sono anche negozianti molto più fatalisti che si sentono impossibilitati di lavorare e si fanno venire il sangue acido con mille polemiche. Parliamoci chiaro, capisco le loro difficoltà e la situazione disperata, ma da buon Folletto non voglio farmi trascinare nel pessimismo.
Ho visto che presti gratuitamente dei giochi, in questo momento. Come funziona ? Come ti e' venuto in mente?
Pensando a tutti i giochi che avevo a disposizione per far giocare in negozio ed al fatto che nessuno poteva usarli, prima mi sono sentito un po' triste e poi ci ho pensato su, e se i ragazzi non possono venire in negozio a giocare, sarà il negozio ad andare a trovarli a casa. Così mi sono messo d'impegno e ho fatto una lista delle quattrocento e più scatole demo che avevo in negozio e ho girato la lista ai miei clienti più fedeli, perché potessero scegliere un gioco da provare. Ho già consegnato una quarantina di scatole ad altrettante famiglie che mi hanno ringraziato con un sorriso ed un abbraccio virtuale (alla giusta distanza di due metri), ma ho ancora moltissimi giochi da adottare. Per ora potranno giocare a casa come fossero in negozio, e quando tutto sarà finito potranno riportarmi le scatole e ringraziarmi di persona.
Che altre iniziative prevedi di prendere nei giorni a venire per aiutare la tua attività ?
Come accennato più su, sto lavorando per mettere il mio catalogo online: su un sito internet, su Amazon, Ebay, Facebook e Instagram. Tutto integrato grazie alla piattaforma che sta sviluppando Mathieu. Sto organizzando al meglio le consegne a domicilio e sto cercando di capire come evolvermi in questa nuova situazione che perdurerà ancora per molto tempo. Anche quando potremo riaprire il negozio, non sarà possibile far giocare al suo interno, per cui sarà Mastro Folletto a continuare a portare i giochi nelle case.
La situazione che viviamo e' complicata per tutti : cosa puoi aggiungere per chiudere l'intervista su delle note positive? Si dice non tutto il male vien per nuocere!
Stavo per investire una grossa somma per aggiungere al mio negozio una zona caffetteria. Per fortuna sono riuscito a mettere in pausa il progetto prima dello scoppio dell'epidemia, per cui mi sono risparmiato un bel gruzzoletto. Ma appena sarà possibile ripartire mi ci ributterò a capo fitto. Non vedo l'ora di poter tornare a viaggiare, ma mi sa che per il 2020 non uscirò dall'Italia e al massimo, quando le cose torneranno più sicure, mi dedicherò al mio più grande amore oltre al gioco: la montagna. Non vedo l'ora di poter tornare a passeggiare sulle Alpi invece che in giardino. Per fortuna la quarantena non ha fermato le mie due altre passioni: la musica ed il cibo. Di sicuro alla fine di tutto questo diventerò più saggio e più grasso.
Grazie Francesco per il tempo che ci haï dedicato. In bocca al lupo per tutto.
Anche a te ! Non vedo l’ora di rivederti !
1Commentaires
Super article plein de bonnes ondes. Merci. ;)